Climatisation durable : comment concilier confort d'été et performance énergétique dans un contexte de réchauffement climatique ?
Climatisation durable : comment concilier confort d'été et performance énergétique dans un contexte de réchauffement climatique ?

Les enjeux du confort d’été en période de réchauffement climatique

Le réchauffement climatique accentue les épisodes caniculaires et les fortes chaleurs estivales, notamment dans les zones urbaines. Cette situation rend le confort d’été un enjeu crucial pour le secteur du bâtiment. Face à cette nouvelle donne, il devient indispensable de concilier confort thermique, maîtrise des consommations énergétiques et durabilité des systèmes installés. La climatisation, longtemps perçue comme énergivore et peu écologique, doit aujourd’hui se réinventer pour répondre aux exigences de la transition énergétique et du développement durable.

En France, la réglementation thermique intègre de plus en plus la notion de confort d’été. La Réglementation Environnementale RE2020, en vigueur depuis le 1er janvier 2022 pour les bâtiments neufs, impose par exemple une prise en compte du confort thermique sans recourir systématiquement à la climatisation. Le Décret n° 2021-1004 du 29 juillet 2021 précise les exigences de performance énergétique et environnementale pour les constructions neuves, et introduit l’indicateur DH (Degré Heure), mesurant les excès de température intérieure durant l’été.

Les solutions passives : première barrière contre la surchauffe

Avant d’installer un système de climatisation, il est essentiel d’optimiser l’enveloppe du bâtiment afin de limiter les apports de chaleur. Les solutions passives constituent une réponse durable au confort d’été, sans consommation d’énergie active, tout en améliorant la performance énergétique globale de l’habitat.

  • Isolation thermique renforcée : Une bonne isolation par l’extérieur ou l’intérieur limite les transferts thermiques. Les matériaux à forte inertie thermique (béton, brique, terre crue) permettent de conserver la fraîcheur en été. La performance d’isolation est définie par la résistance thermique R du composant : plus elle est élevée, plus la paroi est performante.
  • Protections solaires extérieures : Brise-soleil orientables, volets roulants, stores bannes ou encore pergolas végétalisées permettent de réduire considérablement les apports solaires directs, notamment sur les baies vitrées exposées au sud et à l’ouest.
  • Végétalisation : L’usage de plantes en toiture ou sur les façades contribue à réduire les îlots de chaleur. La végétation participe aussi à l’évapotranspiration, procurant un effet rafraîchissant naturel.
  • Ventilation naturelle : Une conception bioclimatique favorisera la ventilation croisée afin de maximiser le renouvellement et la circulation de l’air. Des ouvertures bien positionnées peuvent suffire à évacuer la chaleur pendant la nuit.
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Ces solutions doivent être pensées dès la conception ou mises en œuvre lors d’une rénovation thermique performante avec un diagnostic énergétique préalable (DPE ou audit réglementaire selon les cas).

Climatisations plus durables : quelles innovations technologiques ?

Lorsque les solutions passives sont insuffisantes, particulièrement dans les zones très chaudes ou mal conçues thermiquement, le recours à une climatisation active peut devenir nécessaire. Toutefois, cette climatisation doit respecter les enjeux environnementaux actuels. Plusieurs technologies innovantes permettent aujourd’hui de réduire leur impact carbone.

  • Climatisation réversible ou pompe à chaleur air/air : Ces équipements permettent de chauffer et rafraîchir les espaces avec un seul appareil. Leur coefficient de performance (COP) est généralement situé entre 3 et 5, traduisant une bonne efficacité énergétique. Leur usage est encadré par la norme EN 14511.
  • Systèmes hybrides : Le couplage avec des panneaux photovoltaïques permet d’alimenter le système en électricité renouvelable. Grâce à une autoconsommation optimisée, le bilan carbone est significativement amélioré.
  • Fluides frigorigènes à faible PRG : Les anciens fluides comme le R410A, très polluants pour l’effet de serre (PRG de 2088), sont progressivement remplacés par d’autres moins impactants, comme le R32 (PRG de 675) ou le CO₂ (PRG = 1). La directive européenne F-Gas encadre cet usage pour réduire les émissions de gaz fluorés.
  • Systèmes centralisés régulés : Les installations multi-split ou VRF dans le tertiaire permettent un contrôle précis pièce par pièce et une régulation intelligente via un système domotique. Une bonne régulation est un levier majeur de performance.

Il est essentiel de faire réaliser l’installation par un professionnel certifié QualiPAC ou RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) pour bénéficier d’une installation performante, fiable et éligible aux aides publiques.

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Intégrer la climatisation dans une stratégie globale de rénovation énergétique

Pour être durable, la climatisation ne doit pas être un outil compensant des défauts de conception ou un manque d’isolation. Elle s’inscrit dans un projet global d’amélioration énergétique du bâtiment. Celui-ci peut faire l’objet d’un PPR (Parcours de rénovation performante) ou d’un projet accompagné par des dispositifs tels que « MaPrimeRénov’ », l’Éco-PTZ ou les certificats d’économies d’énergie (CEE).

La Loi Énergie-Climat du 8 novembre 2019 et le décret tertiaire (Décret n° 2019-771) imposent par ailleurs aux bâtiments tertiaires de plus de 1 000 m² de réduire leur consommation d’énergie finale de 40 % d’ici 2030, 50 % d’ici 2040 et 60 % d’ici 2050. Dans ce cadre, l’installation d’un système de rafraîchissement doit être intégrée à un audit énergétique dont les performances sont mesurées avant et après les travaux.

La stratégie nationale bas-carbone (SNBC) encourage également les mesures dites « éviter, réduire, compenser », limitant l’usage des équipements à haute intensité énergétique. Ainsi, la climatisation ne doit pas devenir l’option par défaut, mais bien une solution raisonnée combinée à des actions structurelles durables.

Les labels et certifications à privilégier pour une climatisation responsable

Pour garantir la qualité environnementale des installations, plusieurs labels et certifications peuvent orienter les particuliers et les maîtres d’ouvrage dans leur démarche :

  • Label Bâtiment Basse Consommation (BBC Rénovation) : Il impose une consommation maximale annuelle d’énergie primaire inférieure à 80 kWh/m² pour les rénovations, ce qui nécessite une réglementation stricte de l’usage de la climatisation.
  • Label Effinergie+ : Il exige une conception bioclimatique prioritaire et une maîtrise du confort d’été, en limitant les DH (indicateur RE2020).
  • Certifications HQE (Haute Qualité Environnementale), BREEAM ou LEED : Très répandues dans le tertiaire, elles valorisent les installations éco-conçues, émettant peu de gaz à effet de serre et consommant des énergies renouvelables.
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Le choix d’équipements performants certifiés Eurovent, la sélection d’installateurs RGE et l’utilisation de dispositifs de pilotage intelligent participent également à une démarche plus vertueuse.

Vers une culture du confort d’été raisonné

La sensibilisation des usagers à un usage modéré et raisonné de la climatisation est aussi un enjeu majeur. Limiter les températures de consigne à 26°C au lieu de 22°C permet de réduire significativement les consommations. Selon l’ADEME, chaque degré en moins représente une hausse de 5 à 10 % de consommation énergétique.

Des pratiques simples à mettre en œuvre contribuent également à améliorer le confort d’été sans surconsommer :

  • Fermer les volets pendant la journée en période de canicule
  • Utiliser la ventilation nocturne dès que possible
  • Programmer des cycles de fonctionnement limités dans le temps
  • Entretenir régulièrement les filtres et les unités pour conserver une bonne efficacité

Ce changement culturel vers un usage plus sobre et une gestion intelligente du confort d’été est incontournable pour répondre aux défis climatiques actuels et futurs.

By Tobias