Comment l'isolation biosourcée transforme l'industrie de la construction durable en 2024
Comment l'isolation biosourcée transforme l'industrie de la construction durable en 2024

Qu’est-ce qu’une isolation biosourcée ?

L’isolation biosourcée désigne les matériaux isolants issus de matières premières d’origine végétale, animale ou recyclée. Contrairement aux isolants traditionnels comme la laine de verre ou le polystyrène, les isolants biosourcés sont plus respectueux de l’environnement, tant par leur composition naturelle que par leur faible impact carbone.

Parmi les matériaux les plus connus, on retrouve :

  • La ouate de cellulose (fabriquée à partir de papier recyclé)
  • Le chanvre
  • La laine de mouton
  • La fibre de bois
  • Le lin
  • Le liège expansé

En 2024, l’usage de ces matériaux connaît une popularité grandissante, dopée par les politiques de transition énergétique, la réglementation environnementale RE2020, et la sensibilisation accrue des professionnels et des particuliers aux enjeux écologiques dans le bâtiment.

Pourquoi l’isolation biosourcée séduit-elle les professionnels du bâtiment ?

L’isolation biosourcée présente des caractéristiques thermiques et hygrométriques très favorables pour les constructions neuves comme pour les projets de rénovation énergétique. Les matériaux comme le chanvre ou la fibre de bois permettent de réguler naturellement l’humidité, d’éviter les phénomènes de condensation et d’améliorer la qualité de l’air intérieur.

Ces isolants sont aussi plébiscités pour leur faible énergie grise. L’énergie grise est l’énergie nécessaire à leur extraction, fabrication, transport, mise en œuvre et recyclage. En comparaison avec les matériaux classiques, les produits biosourcés présentent une empreinte carbone bien moins élevée.

Selon l’Agence de la transition écologique (ADEME), les isolants biosourcés peuvent réduire de plus de 30 % les émissions de gaz à effet de serre liées à la fabrication et l’exploitation d’un bâtiment, notamment grâce à leur capacité à stocker du carbone durant leur cycle de vie (source : ADEME, 2021).

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Une réponse concrète aux exigences de la RE2020

Entrée en vigueur au 1er janvier 2022, la nouvelle Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) impose de fortes exigences en matière de performance énergétique et d’impact carbone pour les nouvelles constructions. Elle remplace la RT2012 et marque un tournant vers un modèle de construction bas carbone.

La RE2020 intègre pour la première fois une analyse de cycle de vie (ACV) dynamique, qui tient compte des émissions de gaz à effet de serre sur 50 ans. Elle incite les acteurs de la construction à privilégier des matériaux renouvelables et sobres en carbone, favorisant ainsi le recours aux isolants biosourcés.

Les produits issus du biosourcé bénéficient également de labels et de certifications environnementales comme FDES (Fiche de Déclaration Environnementale et Sanitaire) ou le label « Produit biosourcé », garantissant leur conformité avec les critères de la RE2020.

Des performances thermiques au rendez-vous

Les performances thermiques des isolants biosourcés sont tout à fait comparables aux isolants conventionnels. Par exemple :

  • La ouate de cellulose présente un coefficient de conductivité thermique (λ) autour de 0,038 à 0,041 W/m.K
  • La fibre de bois autour de 0,036 à 0,046 W/m.K
  • Le chanvre à environ 0,039 à 0,042 W/m.K

En plus de cela, ces matériaux ont une capacité thermique massique élevée, ce qui améliore considérablement le confort d’été en limitant les surchauffes. Cette inertie est particulièrement bienvenue dans les zones urbaines soumises aux îlots de chaleur ou dans les bâtiments à forte exposition solaire.

Un marché en pleine structuration

En 2024, le marché de l’isolation biosourcée est en progression constante, soutenu par un réseau de plus en plus dense de fournisseurs, d’industriels et d’artisans spécialisés. Des marques comme Soprema, Biofib’Isolation ou Isonat jouent un rôle clé dans le développement et la démocratisation de ces produits en France.

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On assiste également à l’engagement des collectivités locales, avec des appels à projets favorisant les matériaux biosourcés dans la commande publique, et un soutien financier à travers des aides à la rénovation comme MaPrimeRénov’, cumulable avec les CEE (Certificats d’Économies d’Énergie).

Le programme national « Bâtiments performants » du Plan de Relance énergétique, notamment, prévoit des volets dédiés à l’utilisation de matériaux bas carbone, favorisant naturellement les isolants écologiques.

Les freins encore présents

Malgré tous leurs avantages, les isolants biosourcés rencontrent encore certaines limites :

  • Un coût d’achat parfois plus élevé que leurs équivalents conventionnels
  • Des performances variables selon les mises en œuvre (pose, types de parois, humidité)
  • Une offre technique inégale selon les régions
  • Une méconnaissance persistante chez certains prescripteurs ou particuliers

Cependant, les retours d’expériences ainsi que les formations professionnelles contribuent peu à peu à lever ces freins. Des modules sur les nouveaux matériaux sont désormais inclus dans les cursus de formation continue pour les artisans et architectes (source : QUALIBAT, 2023).

Une transformation profonde de l’acte de construire

Plus qu’un simple choix de matériau, le recours à des isolants biosourcés symbolise une évolution profonde dans les méthodes de construction. Il marque l’avènement d’une approche globale intégrant la durabilité, la santé, et la gestion raisonnée des ressources.

En 2024, on assiste à une réelle massification de l’usage des matériaux écologiques dans le bâtiment résidentiel individuel, mais également dans les constructions collectives et les bâtiments tertiaires. Des projets exemplaires, comme les écoles en bois isolées en fibre de bois ou les logements sociaux intégrants la ouate de cellulose, fleurissent dans toute la France.

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Cette dynamique est rendue possible par la mobilisation conjointe des filières agricoles, industrielles et du bâtiment pour structurer une offre complète, locale et certifiée. À l’avenir, il est probable que le développement des circuits courts et la montée en compétence des professionnels accélèrent encore la démocratisation des solutions isolantes biosourcées.

Un signal fort pour la transition écologique

L’isolation biosourcée ne représente pas uniquement une opportunité énergétique, mais aussi un engagement sociétal fort. Elle rend possible la réindustrialisation locale, stimule la filière agricole (chanvre, lin, bois), et participe à l’économie circulaire par l’usage de matières recyclées.

Plus encore, elle répond aux attentes des usagers de plus en plus soucieux du confort thermique et de la qualité sanitaire de leurs logements. En réunissant technicité, empreinte environnementale réduite, et bien-être des occupants, les isolants biosourcés s’imposent comme un levier incontournable de la construction durable en 2024.

Leur essor amorce un tournant pour tout un secteur qui aspire à allier innovation, performance énergétique et respect de l’environnement.

By Tobias